Revue de l'Araire - N° 140 mars 2005

Sommaire du N° 140

Au printemps 2002, parut un numéro spécial de l’Araire consacré aux artistes et célébrités en Pays Lyonnais. Accueilli chaleureusement, ce bulletin suscita rapidement moult réactions et l’on s’aperçut que de nombreux personnages auraient pu avoir leur place dans cet hommage. Il fut donc décidé de programmer pour le printemps 2005 un second numéro pour réparer ces oublis. Tout le monde se mit au travail, et c’est ainsi que sort aujourd’hui ce numéro 140, juste trois années après ce premier. Rien ne permet de penser qu’il n’en faudra pas un jour un troisième pour compléter la série. L’avenir le dira et Claude Longre, le tout jeune directeur de publication, décidera…

Déjà dans la présentation du numéro 128, j’avais évoqué le nom de Louis Cottin, cette artiste-peintre qui passa de nombreux étés au village de l’Aubépin dans la pension tenue par la famille Thiollier. Une documentation fournie par un ami m’a permis de découvrir la vie de cette artiste, née le 22 décembre 1907 en Algérie, où son père était ingénieur dans les chemins de fer. Mais la famille était lyonnaise, et c’est ainsi que la jeune Louise, après son baccalauréat, entra à l’Ecole des Beaux-arts de Lyon en 1925. Remarquée par ses professeurs, elle y obtient le premier prix de peinture et poursuivit ses études à Pais à l’Académie Julian. Là aussi, elle attira l’attention de ses maîtres et fut sélectionnée en 1934 pour la préparation au « Prix de Rome ». Une chute malencontreuse provoqua une fracture de la cheville, et malgré son handicap, elle participa au concours et fut récompensée par le Premier second prix de peinture. Dès lors, sa carrière était lancée. L’Etat et la Ville de Paris acquirent plusieurs de ses tableaux. A Lyon, elle réalisa des fresques pour l’église St-Jacques des Etats-Unis, et à l’Aubépin, elle mit en scène la vie du Bienheureux Néel, devenu maintenant Saint Jean-Pierre Néel. Elle fut longtemps fidèle à ce village, y peignit nombre de paysages, en particulier la petite place de la fontaine où les vaches venaient s‘abreuver le soir et qu’elle voyait de la fenêtre de sa chambre. Décédée en mai 1974, un musée lui est consacré à Hattonchâtel, à une cinquantaine de kilomètres au sud-est de Verdun.

Au XIXe siècle, une foule de peintres, de graveurs, de dessinateurs fréquenta le Pays Lyonnais pour y trouver le repos, la détente ou l’inspiration. Parmi les thèmes favoris qui les attirèrent, il faut citer les vestiges des aqueducs rmoains. Le goût des ruines apparut au XVIIIe siècle avec le renouveau de l’archéologie et l’éveil de la sensibilité. Mais c’est au XIXe siècle, à l’apparition du Romantisme, que les ruines vont devenir un thème favori des peintres et des graveurs, et l’Ecole lyonnaise n’échappera pas à cet engouement. La vallée de Beaunant, avec son monumental aqueduc placé dans un cadre champêtre traversé par la rivière de l’Yzeron, est l’un des sites préférés des artistes. Dessins au crayon ou à l aplue, aquarelles, lavis, peintures à l’huile, gravures à l’eau-forte ou lithographies, toutes les techniques ont été utilisées et constituent une iconographie d’une richesse insoupçonnée. En plus de leur qualité artistique, ces œuvres sont une source d’informations précieuses pour les archéologues et les historiens. Une enquête sommaire a permis de repérer plus de quatre-vingts œuvres, signées de noms souvent prestigieux : bien sûr, le dessinateur apprécié Joannès Drevet (1854-1940), mais aussi Fonville, Fructus, Gabillot, Girame, Grobon, Guindrand, Leymarie, de Penhouet, Ponthus-Cinier, Saint-Olive, Thierriat, Tony Vibert, Antoine Vollon, Wéry etc. Cela mériterait une rétrospective !

Des écrivains aussi ont laissé des souvenirs de leur passage en Pays Lyonnais. Louis Calaferte résida à Mornant une quinzaine d’années entre 1956 et 1970 et y tissa un réseau d’amitiés. Le poète Jean Tardieu (1903-1995) passa quelques étés de son enfance à Orliénas, dont il garda un souvenir ébloui. Il était le fils unique d’un père peintre, Victor Tardieu, et d’une mère musicienne, Caroline Luigini, l’un et l’autre originaires de Lyon. Si Jean Tardieu est né dans l’Ain à St-Germain-de-Joux, il fréquenta souvent au cours de ses vacances la demeure d’Orliénas, appartenant à ses arrière-grands-parents du côté maternel : Cjarles et Marie Méra. Charles Méra, antiquaire et grand collectionneur, fut aussi maire d’Orliénas. Il existe un tableau de Victor Taridue représentant Jean et sa mère dans le jardin familial. Ce jardin restera pour le poète le paradis perdu de l’enfance.

Le second numéro laissera encore la part belle aux artistes : Jean-Baptiste Frénet, peintre de talent, élève du grand Ingres, qui fut aussi maire de Charly et en décora l’église, Jeanne Bardey, sculpteur, élève et ami de Rodin, qui fit construire à l’entrée du bourg de Mornant une chaumière d’inspiration Bretonne que l’on peut encore apercevoir à travers les branches des arbres, Jean-Pierre Laÿs, le petit paysan né en 1825 à Saint-Barthélémy-Lestra, engagé comme domestique par le grand peintre de fleurs Simon Saint-Jean, et qui devint à son tour un peintre reconnu ; Marcel Roux, né à Bessenay graveur d’inspiration expressionniste, fasciné par Rembrandt et admiré par Huysmans ; Geneviève Dumont, sculpteur de Lyon et de Pollionay, récemment disparue… Les découvertes ne manquent pas et susciterons un vif intérêt.

Jean-Guy Mourguet, installé à Brindas et mainteneur de la tradition lyonnaise de Guignol, a accepté de retracer pour nous la vie de Pierre Neichthouser, qui pendant plus de 40 ans anima avec son frère Ernest le petit théâtre du quai Saint-Antoine, inoubliable dans les mémoires lyonnaises, et ou j’ai passé des jeudis mémorables. Pierre Neichthouser incarnait Gnafron et son frère, Guignol, et leur popularité fut immense. Mais Pierre fut aussi maire du village de Brindas, où il avait sa résidence secondaire, et cela explique les nombreuses allusions à Brindas et à sa piquette qui parsèment le répertoire de Guignol. 

A côté des artistes, ce numéro spécial laisse place à d’autres personnages, ayant obtenu la notoriété dans différents domaines. Madame Colette Tempère, dans son ouvrage sur La médecine à la belle époque dans le Lyonnais, à fait revivre la grande figure du Docteur Sérullaz, médecin à Vaugneray de 1895 à 1931, mais aussi maire et Conseiller Général. Jeanne Ferry rappel le souvenir d’un enfant de Mornant, le petit François Chaize, fils d’un canut de Bourgchanin, qui mourra en 1949 à Hanoi, ville dont il était évêque, après une vie consacrée aux missions. Saint-Genis-Laval vit naître Paul D’Aubarede (1899-1976), ingénieur chez Rochet-Schneider, dont les études sur les vibrations du moteur aboutir à la création du prototype du moteur flottant, utilisé dans la célèbre Citroën-Traction avant. Cet homme discret et cultivé fut un inventeur de génie, qui a donné son nom à un collège de sa commune. N’oublions pas la Mère Elisabeth Rivet, cette religieuse au grand cœur, qui devait périr en mars 1945 a Ravensbrück dans de tragiques circonstances. Supérieure du refuge de la Compassion sur la colline de Fourvière, elle avait entrepris des fouilles clandestines avec l’aide des sœurs et du jardiniers sur le site de ce que l’on croyait être l’amphithéâtre de Lugdunum. Le président Herriot, maire de Lyon, fit acheter par la ville le Clos de la Compassion, et la Congrégation des sœurs vint s’installer à Brignais, où fut construit le nouveau refuge. Ainsi, Mère Elisabeth Rivet passa-t-elle quelques années dans cette commune.

Cette enquête sur les artistes et célébrités en Pays Lyonnais montre bien les échanges continuels qui se produisaient entre ville et campagne, et cela depuis des siècles. Si la campagne fournissait à la ville ses productions agricoles, ainsi qu’une main d’œuvre proche et bon marché, elle bénéficiait en retour de la venue des Lyonnais qui apportaient leur talent et leur savoir. De nos jours, ces échanges n’ont pas cessé et se sont même multipliés mais il ne faudrait pas que la ville tentaculaire vienne étouffer ce vieux terroir, « couronne de verdure autour de Lyon », selon la formule du poète Louis Pize.

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