Sommaire du N° 142
L’Araire a le plaisir de présenter un numéro spécial sur les églises du Pays Mornantais. Il s’agit là d’un projet et d’une tâche exemplaires, dont les auteurs sont des gens du pays, érudits ou simples amoureux de leur patrimoine. De plus, ces textes s’appuient sur les travaux approfondis d’auteurs et d’historiens locaux, les abbés Vautherin, Venet, Mayère, Berdiel et Olano, Antoine Vachez, M. Payre, et nos amis Victor Degorgue et Jacques Rivoire, auxquels nous rendons hommage.
Cet ensemble est original à plus d’un titre. Tout d’abord, l’introduction de Nathalie Mathian, spécialiste d’histoire de l’art, établit les rapports qui existent entre les diverses églises non seulement aux jours souvent lointains de la première construction, mais surtout à chaque étape des modifications, des rénovations ou des embellissements. On nous offre donc le rare privilège de considérer les églises non pas comme des bâtiments isolés, sans lien entre eux, ni non plus comme des exemples d’un style architectural donné ou d’une époque donnée, mais dans leurs rapports mutuels au gré des temps, des styles et des modes. La vie de l’architecture ecclésiale se dévoile ainsi aux yeux du lecteur, étonné peut-être de constater la valeur d’un patrimoine qu’il côtoyait sans en saisir toutes les dimensions. En outre, l’auteur étudie sans cesse l’articulation, moyens financiers, etc. – et l’esprit des différentes époques, ce qui m’amène à souligner les parallèles qui existent entre cette architecture, qui semblerait a priori peu soumise aux impératifs économiques, et la maison rurale, les productions agricoles, la vie industrielle et artisanale, qui font depuis toujours l’objet des publications et des expositions de l’Araire. Nous voyons donc les églises intégrées dans la vie et la culture du pays au même titre que les autres éléments du paysage villageois et rural.
Ensuite, le grand intérêt de cet exposé est de ne négliger aucune époque. Trop souvent encore – il n’est que de voir plus d’un prospectus touristique -, les réfections et les rénovations d’églises anciennes sont jugées sévèrement, ce qui a conduit d’ailleurs, comme le soulignent maints articles, à la destruction du décor intérieur au nom d’un retour aux sources mal analysé. Ici, les travaux des trois derniers siècles sont mis en valeur sans aucun parti pris. Nous bénéficions donc d’une initiation à une histoire de l’art qui, à ma connaissance du moins, n’a jamais été présentée sous cette forme au public. De plus, loin d’être abstrait, l’exposé nous promène de village et village, et ainsi, la découverte de l’art des siècles décriés bénéficie d’une illustration concrète.
Enfin, la diversité du contenu de ces seize monographies témoigne de l’intérêt porté par les auteurs, souvent anonymes, ou représentants d’une association locale, à leur patrimoine immédiat. J’irai jusqu’à dire que la vie s’exprime dans la variété. Tel article développe les aléas administratifs et financiers, anciens ou contemporains, et souligne ainsi les contradictions parfois cruciales entre la dureté de la vie quotidienne (comment payer ?) et la nécessité d’avoir ce lieu de rassemblement qu’est l’église dans une région de tradition catholique. Tel autre catalogue à l’infini, dirait-on, les objets, détails architecturaux, statues et vitraux, dans la fascination des trésors contenus dans l’église paroissiale. Cette fascination n’est-elle pas contagieuse ? On voudrait aller y voir et se laisser guider par ces pages.
Il y a donc là un travail de pionniers, qui doit servir d’exemple pour des études semblables dans d’autres régions. Nous souhaitons que le lecteur y trouve plaisir et utilité et que, son Araire en main, il puisse découvrir d’un œil neuf les villages du Pays Mornantais.
Résumés des articles de la revue
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