Sommaire du N° 151
Une fois n'est pas coutume : "L'Araire" a commis un faux ! Mais les trois spécialistes qui ont mené cette tâche à bien ont apporté tant de soin à reconstituer le dessin manquant de l'admirable série de G. M. Delorme, consacrée aux aqueducs de Lyon, que non seulement le lecteur le leur pardonnera, mais qu'il applaudira à ce bel hommage rendu au dessinateur. De plus, l'examen des dessins existants, préalable à la confection la plus fidèle possible, fut une occasion unique d'approfondir le travail de Delorme.
Et maintenant, que le lecteur nous pardonne qussi une transition hardie : après la présentation d'un faux parfaitement louable, le présent numéro nous confronte avec des crimes et délits a contrario réels et condamnables, commis au XVIIIe siècle, à l'époque même (c'est un hasard !) où Delorme dessina les aqueducs. Cette partie faits divers n'est pas destinée à illustrer l'affirmation banale que le crime a toujours existé : au-delà de l'impression d'étrangeté que donnent ces "reportages" anciens dans un cadre qui nous est familier, les récites, patiemment collectés par les chercheurs, peuvent nous éclairer sur la culture et la socio-économie de notre Pays lyonnais en un temps révolu.
Par exemple, deux des faits-divers attestent la consommation de vin, soit modérée et habituelle, soit comme fait d'ivrognerie. Or, l'histoire sociale nous l'enseigne, encore XVIIIe siècle, elle n'est as habituelle dans la plupart des régions françaises, où les gens du peuple se contentent de piquette, de vin de fruits sauvages, voir d'eau. Le vin consommé dans toutes les couches de la société caractérise en revanche le Lyonnais, grande région de production depuis des siècles...
Autre remarque, concernant les transports au XVIIIe siècle. L'"assassinat de Jean Rivat" montre que les transports par roulage étaient alors intenses et devaient couramment se faire de nuit. On observera que les auberges et cabarets de bord de route, par exmeple entre Saint-Maurice-sur-Dargoire et Oullins, sont ouverts "24 heures sur 24", chose nécessaire pour rafraîchir et nourrir les conducteurs d'attelages. Citons à ce propose une étude de Fernand Braudel sur le transport du blé entre Marseille et Paris, en 1710. L'auteur calcule qu'entre Tarare et Roanne, il y a "1800 attelages de boeufs en lente procession (de l'ordre de 14 km par jour) se relayant sur 7 km, soit, sur chaque kilomètre, plus de 20 voitures à la montée ou à la descente, une tous les 50 mètres !" (F. Braudel, l'Identité de la France T I, Ed. Arthaud, Paris, 1986). Il est vraisemblable qu'entre le bassin du Gier et Lyon, à cette même époque, le trafic de charbon et de denrées alimentaires - comme l'illustre notre article - devait être également important.
Après ces deux constatations, qui montrent qu'à deux cent cinquante ans de distance, les habitudes des consommateurs et le transport routier de nuit n'ont guère changé, examinons les affrontements populaires entre porteurs d'opinions politiques opposées. Nous voilà éclairés - "Règlement de comptes à Rontalon..." -, grâce à la plainte que porte un chimiste à l'encontre de villageois qui l'ont agressé ! Il est vrai que nous sommes au temps de la Révolution, et que la mission de notre fonctionnaire n'est pas neutre : il est chargé de recueillir du salpêtre, matériau de base pour la fabrication de poudre à canon. Mais comme c'est trop souvent le cas, l'affrontement ne se fait pas au niveau du débat d'idées, mais à celui des poings et des coups... ce qui n'empêche pas notre brave républicain de conclure son rapport, avec une force de conviction qui l'emporte sur son manque de correction administrative, par un cri du coeur : "Vive la République, guerre aux tirans !"
Remontant ensuite aux siècles plus anciens du Moyen-Age finissant, nous étudions avec Marie-Thérèse Lorcin les testaments du Forez et du Lyonnais, matière privilégiée pour connaître cette époque dans notre région, en l'absence d'autres documents éclairants. Nous pouvons alors aller de surprise en surprise, car l'étude qu'elle nous fournit rompt avec la représentation, que se fait tout au moins le lecteur non spécialiste, d'un temps où tout serait somme toute assez uniforme. Les quelques aperçus que fournit cette recension de l'ouvrage nous invitent à aller plus avant et à lire en son entier le livre de M. Th. Lorcie, afin d'en savoir plus sur l'évolution du statut des femmes, les rapports entre tenanciers et seigneurs, les étonnants repas de funérailles, le sauvetage du patrimoine familial agricole contre vents et marées, les populations épargnées par la peste, les notaires qui sont aussi curés, etc. Si l'on veut connaître l'histoire du Pays lyonnais et du Forez, ces comtés étroitement liés l'un à l'autre, il ne faut pas hésiter à lire D'abord il dit et ordonna... - Testaments et société en Lyonnais et Forez à la fin du Moyen Age.
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