Revue de l'Araire - N°148 mars 2007

Ce numéro est un numéro spécial consacré aux Foires et Marchés en Pays lyonnais.

Les foires et les marchés que nous fréquentons aujourd’hui pour nos besoins quotidiens et aussi pour notre plaisir nous relient aux temps reculés de notre histoire. En règle générale, nul ne sait quand ces foires et ces marchés ont commencé. Ou alors, si tel souverain a octroyé un droit de foire, si tel préfet – version moderne de l’usage ancien – a autorisé la tenue d’un marché, on a souvent le sentiment très net que c’est là une situation de fait que l’autorité s’est vue contrainte d’entériner. Ainsi, l’exemple récent de Craponne, où devant le refus réitéré de l’administration, les forains prennent les devants, s’installent de leur propre chef sur les emplacements désirés, imposant ainsi leur décision aux autorités, semble s’inscrire dans un processus séculaire.

Nécessité vitale en des temps où le commerce de détail n’existait guère, où la production familiale ou locale était souvent incapable de subvenir à tous les besoins, om les communications étaient malaisées et les échanges n’allaient pas de soi, les foires et les marchés ont poursuivi leur chemin à travers les aléas politiques ou économiques. Leur existence se perpétue paradoxalement dans le monde actuel où ventes, achats et échanges ont pris des formes multiples et souvent peu imaginables il y a quelques dizaines d’années seulement. Mais même quand l’objet du commerce a disparu, ne survivant que sous une dénomination pittoresque – foire aux échelles de Brindas, par exemple - , même si la nécessité économique n’est plus justifiée, puisqu’on peut facilement se procurer vêtements et objets domestiques dans n’importe quelle « surface de vente », voire par correspondance ou par internet, la foire se maintient contre vents et marées. Parfois très ancien, le marche du bourg ou du quartier peut disparaître, puis renaître à quelque distance de là, se modifier au gré des mutations sociologiques ou des besoins de l’époque, changer l’objet selon la demande et l’évolution de la production et des moyens de transport : veaux naissants contre veaux gras, alimentation et habillement contre bœufs et porcelets, « sublime de Bessenay » contre vieilles variétés de cerises…

Finalement, il n’est guère possible d’établir une typologie qui rende compte de ces deux institutions pour tous les lieux et a fortiori pour tous les temps. Des coutumes ancestrales s’éteignent, d’autres usages s’établissent, des lois sont promulguées ou votées, mais on a la surprise, au gré des nouvelles réglementations, de voir réapparaître par exemple les halles de Saint-Laurent-de-Chamousset, « avatar » des halles anciennes, édifiées il y a cinq siècles sur ordre royal, boudées et abandonnées il y a deux siècles, rasées sans égards il y a quatre-vingts ans. En 1525, il fallait « construire dans un lieu propice halles et loges pour tenir marchands, marchandises et denrées en sécurité et sauveté », et en 2007, « pour des raisons d’hygiène et de respect des normes », la Direction des Services Vétérinaires demande que le marché « soit installé dans une grande halle ». N’y-a-t-il pas là, compte tenu des différences dans le langage technique et administratif, plus qu’une coïncidence ?

L’Araire a donc réuni en une même brochure deux activités qui sont essentiellement différentes, comme nous le dit déjà leur étymologie. La foire est du domaine du loisir : sa base latine, feriae, s’applique aux jours chômés pour raison religieuse. Il n’est que de considérer la plupart des foires traditionnelles, de Quasimodo, du Lundi Saint, de la Saint-Martin : la lecture des articles qui suivent procurera une moisson abondante de ces fêtes dont « Monsieur le curé charge toujours son prône », selon l’amusante formule du savetier dans La Fontaine. Quant au marché, dont le nom évoque odeurs, cris des vendeurs, chalands et badauds, couleurs bariolées, son étymologie est bien plus austère : le latin mercatus désigne au premier chef la « transaction commerciale », et, au sens concret, le « lieu où s’effectue cette transaction » (« Le Robert, Dictionnaire historique de la langue française », 1992). Au risque de voir déchanter les amateurs de pittoresque, nous soulignerons donc que les locutions des économistes parlant de « marché à terme », d’ « étude de marché » ou de « marché boursier » sont au moins aussi vénérables que l’usage courant des bonnes gens qui vont tout simplement « faire leur marché ».

Et maintenant, abandonnons-nous au plaisir de flâner dans les pages de la revue, au hasard des foires et des marchés de nos villages.

Claude Longre

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