Numéro spécial sur « L’évolution de l’agriculture en Pays Lyonnais de 1950 à nos jours ».
L’histoire récente, plus précisément l’histoire non évènementielle, celle des changements et des évolutions qui se sont déroulés sous nos yeux dans le monde rural du Lyonnais au cours des cinquante dernières années, est peut-être la moins connue du grand public, car elle ne fait guère l’objet d’articles et d’informations dans les médias. Il est aussi fort probable que les acteurs de ces changements remarquables – à telle enseigne qu’on utilise par exemple le terme de « révolution » pour la révolution fourragère des années 1970 en Lyonnais – ne prennent pas toujours la mesure des innovations locales, qui ont rayonné sur toute la France rurale. Il s’agit certes de techniques culturales, mais aussi de modèles de travail en commun.
Jean-Pierre Houssel nous dit que « l’opinion a été peu sensible au côté exemplaire de cette mutation, les professionnels parce qu’ils sont inquiets des perspectives du lendemain, les promeneurs venus de la ville parce qu’ils cherchent à retrouver les images de leur enfants ». Certes, ces images du passé sont portées aussi par des gens de la campagne – les belles fêtes de la batteuse en témoignent – et par la littérature aussi bien française que francoprovençale, mais on peut être certain que les agriculteurs retraités qui se dépensent dans ces fêtes et festivals traditionnels sont tout aussi enthousiastes en grimpant sur la batteuse de jadis qu’en évoquant les mutations des cinquante dernières années, quand ils ne vont pas eux-mêmes donner de leur personne pou aider leurs enfants dans leurs travaux.
Henri Hours soulignait naguère dans notre revue que l’identité du Pays Lyonnais n’apparaissait qu’ « en traits pâles et ténus » dans l’histoire (n°134 de la revue). Il est vrai que dans les représentations habituelles, les pays voisins – Beaujolais ou Forez, pour citer les plus proches – jouissent dans le public d’une renommée bien plus grande. Mais la lecture du présent numéro montre que le dynamisme et l’inventivité des gens du Pays Lyonnais en ont fait au cours de la seconde moitié du XXe siècle une des « petites régions » les plus innovantes de France.
Les articles traitent tous d’aspects de la vie rurale et agricole, sous des angles différents et souvent en des lieux différents du Pays Lyonnais ; mais on reconnaît bientôt que les changements se font selon des principes qui sont partout semblables et que la dynamique est partout aussi forte, qu’il s’agisse de modernisation agricole, d’intensification laitière, de partage des connaissances et des moyens techniques, de collaboration entre spécialistes et agriculteurs, de formation de coopératives et d’instances locales, d’initiatives nouvelles comme la vente directe, la sélection des bêtes ou des arbres fruitiers, etc. On voit aussi qu’une bonne partie des jeunes n’a pas quitté la campagne, et qu’on observe même une certaine croissance démographique.
La lecture de ce numéro permettra à tous de mieux connaître l’évolution récente du Pays Lyonnais. Tous y trouveront leur compte, citadins désirant mieux comprendre le pays qui les entoure et les ruraux, qui pourront situer leur spécialité et leurs préoccupations au sein d’un ensemble plus vaste.
Claude Longre
Résumés des articles de la revue
Le Lyonnais, monts et plateaux, terre d’inovation au passage de l’agriculture paysanne à la modernité après la guerre
Jean-Pierre HOUSSEL
Le Pays Lyonnais représente un modèle pour le passage de la France rurale à la modernité. Le goût du travail en commun, suscité par la JAC/F, favorise la révolution fourragère, l’aménagement des lacs collinaires, l’irrigation collective, etc. Des innovations institutionnelles et la décentralisation des services en ont fait un milieu rural progres
Les formes spécifiques de l’évolution des exploitations agricoles dans les Monts du Lyonnais : 1950-2000
Perrine VANDENBROUCKE
L’évolution des exploitations agricoles dans les Monts du Lyonnais de 1950 à 2000 est caractérisée par l’affirmation d’une dominante laitière avec une intensification, puis, à partir de 1980, une spécialisation laitière des exploitations fortement encadrée par la profession agricole. Un second atelier de pommes de terre, tabac ou fruits rouges, de veaux naissants et, plus récemment, la vente directe ou l’agritourisme jouent un rôle majeur dans l’économie des exploitations.
L’agriculture sur le Plateau Mornantais de 1950 à nos jours
Gaby VILLARD
Malgré des « conditions naturelles difficiles », aggravées par les problèmes causés par les deux guerres mondiales, le rôle joué par les diverses associations (JAC, CETA, coopératives etc.), évoqués par le témoignage d’un agriculteur retraité, permettent de moderniser et de développer l’agriculture. La « déprise agricole » des années 70-80, est compensée par de remarquables initiatives de vente directe.
Evolution de l’agriculture du Rhône de 1980 à 2010
Claude BERGER
Un ancien secrétaire général de la FDSEA évoque l’évolution de l’agriculture du Rhône au cours des trente dernières années. La baisse du nombre d’exploitations a été compensée par la multiplication des points de vente collectifs, la vente directe sur les marchés et les AMAP (Association Marché – Agriculture paysanne). La notion de solidarité reste forte malgré tout dans le département.
Du producteur au consommateur
Guy PALLUY
L’un des membres d’« Uniferme », structure de vente directe de produits agricoles, évoque l’origine de cette initiative, qui rassemble aujourd’hui 50 agriculteurs. « Plutôt que de toujours grandir », ils récupèrent la plus-value de leur production en vendant ou transformant eux-mêmes leurs produits. D’autres points de vente se sont ouverts sur le même principe.
Le vignoble dans le Lyonnais
Andrée POSSETY
Si en un siècle et demi, la vigne, qui occupait une place importante dans la polyculture du département, a largement disparu, elle représente néanmoins, « cent ans après le phylloxéra », un intérêt économique en Lyonnais sous les appellations beaujolais et coteaux du lyonnais.
Anciens cépages du Lyonnais
Andrée POSSETY
Des ouvrages anciens nous renseignent sur des cépages disparus, aux noms d’une belle sonorité, et sur leurs caractéristiques. Les vins produits, de faible teneur alcoolique, servaient entre autres à la consommation des ouvriers des forges et des verreries.
Du jardin au maraîchage
Andrée POSSETY
Le Romain Columelle décrit le jardinage dans « De re rustica ». La culture des légumes est introduite en Lyonnais par les Florentins à la Renaissance. Le maraîchage se développe au XIXe siècle, puis recule devant la vague d’urbanisation, avant qu’une nouvelle génération introduise la culture raisonnée ou bio.
Formation des espaces de maraîchage
Andrée POSSETY
Les propriétaires lyonnais de « maisons des champs » ont utilisé leurs jardins pour se nourrir, ainsi que leur maisonnée. La population lyonnaise augmentant, les « carreaux » ont fait place aux « planches », à l’origine du maraîchage. De nouvelles variétés apparaissent. Le flambeau est repris ensuite pas les coteaux et les monts.
Evolution de l’agriculture en photos
H. Bougnol
24 pages de photos couleurs sur les thèmes suivants :
- Les Labours
- Les semailles
- Les moissons
- Les moissonneuses-batteuses
- La fenaison
- La traction animale
- La motorisation
- Le lait
- Le beurre
- Le fromage
- La vigne
- Le cochon
- Aujourd’hui
Des fruits à plein panier
Andrée POSSETY
La culture des fruitiers et des fruits rouges en Pays lyonnais a bénéficié de divers facteurs : les travaux des botanistes locaux, le remplacement des vignes après le phylloxéra, la création de coopératives et le développement des transports ferroviaires, la création de la Sica SICOLY et l’extension du réseau d’irrigation.
Arrivée de la fée électricité
Andrée POSSETY
L’électrification des communes se fait progressivement. Certaines forment des syndicats, d’autres sont plus difficiles à desservir. L’électricité sert avant tout à l’approvisionnement domestique, mais aussi aux métiers à tisser à domicile, qui connaissent ainsi un nouvel essor, et localement au pompage pour le maraîchage. Quelques détails concernant l’implantation de poteaux et la « douille voleuse ».
Enquêtes sur l’agriculture et les agriculteurs dans le canton de Saint-Laurent-de-Chamousset
Claude LONGRE
Des enquêtes menées dans une communauté de communes par leurs habitants nous renseignent sur les changements survenus dans le monde agricole entre 1836, 1911 et la fin du XXe siècle. Les études faites à partir d’archives et de statistiques sont illustrées par des témoignages recueillis auprès des agriculteurs.
Qu’est-ce qu’une exploitation agricole
Andrée POSSETY
Si la Révolution vise à « faire émerger une paysannerie propriétaire », les terres restent souvent aux mains de grands propriétaires. Le fermage ou métayage s’est perpétué jusqu’au XXe siècle. Si la Libération place l’agriculteur dans une position plus favorable, les problèmes persistent à propos de la cession des baux ou des droits à produire.
Parcours dans les « Agrestes ». Recensements agricoles de la fin du siècle dernier
Laurent et Claude LONGRE
Les recensements agricoles de la seconde moitié du XXe siècle vont parfois à l’encontre de représentations préconçues. Quelques tableaux statistiques exploités dans cet article conduisent à des questions particulières et donnent lieu à des développements qui peuvent éclairer la situation d’aujourd’hui.
Domestiques et servantes, journaliers et salariés agricoles
Andrée POSSETY
Le terme d’ouvrier agricole se confond longtemps avec la participation familiale aux travaux agricoles. Son statut tarde à être reconnu : « Il a fallu attendre 1968 pour constater l’alignement du salaire horaire versé aux salariés agricoles sur ceux des autres secteurs de l’économie. » On constate qu’encore au temps de la mécanisation, les ouvriers jouent un certain rôle, et les « louées » perdurent jusque vers 1950.
Berger à 8 ans en 1942
Evelyne VACHER
Des paysans pauvres, privés de main-d’oeuvre par le départ de leurs fils à la guerre, emploient pendant ses jours de liberté un enfant de 8 ans d’une famille pauvre du voisinage. Il se tisse des liens durables entre les deux familles. Un quotidien fait à la fois de dureté du labeur et de chaleur humaine.
La Maison des paysans à Mornant
Andrée POSSETY
Une enseigne peinte sur une façade à Mornant rappelle l’existence d’un syndicat des agriculteurs et viticulteurs recouvrant trois cantons du Lyonnais. Vente d’engrais et d’aliments, mise en commun de matériel, caisses de secours, de crédit, d’assurances mutuelles, un centre de formation et une coopérative sont à mettre au crédit de ce syndicat disparu aujourd’hui.
Comment on appellait ceux qui cultivent la terre
Claude LONGRE
Les désignations des paysans sont encore très diverses au début du XIXe siècle. Actes notariés et statistiques sont révélateurs des changements sociaux et culturels liés à la Révolution. On constate que les termes employés varient selon les communes, mais aussi que l’on « retient plus l’activité exercée par tous que la hiérarchie sociale et la propriété ».
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